« Rencontres »

Un regard perçant, un sourire délicieux, un visage taillé dans le bois tendre, une main tendue, une amitié naissance, une coïncidence fortuite.

Certaines rencontres sont plus marquantes que d’autres et s’impriment dans les mémoires.

La famille Kouroulov – transsibérien Moscou Krasnoiarsk

Tatiana ramène ses petits enfants Alex et Marguerita, chez sa fille aînée, militaire à la frontière non loin de Vladivostok. Depuis sa maison le long de la mer noire, il faut compter 9 jours de train. Elle les voit deux fois par an. Cette babouchka attentionnée cache une boîte de bonbons dans sa cabine et nourrit petits et grands à chaque arrêt du train. 

Eugénia n’a pas d’enfants. Elle descend fumer une cigarette en pantoufles tout en surveillant ses neveux qui se défoulent sur le quai.


Davide et Laura – transsibérien Moscou Krasnoiarsk

Davide nous révèle autour d’une bière russe, confortablement installé dans le wagon restaurant du train°2, que son voyage en transsibérien sera un test pour son couple. Il a rencontré Laura il y a 4 semaines à peine. En signe de bonne augure pour initier notre périple, il nous offre « mondoviaterra », le récit du tour du monde d’Eddy Cattaneo par voie terrestre. 


Monkh – sur la route d’Amarbayasgalant

Monkhjargal est chauffeur en dilettante, le reste du temps il fait du business à Darhan. Au volant de sa voiture japonaise confort, il roule entre bosses et dos d’ânes l’air enjoué, pointant des animaux sauvages au hasard de la piste. Sa tête bât au son de ses tubes préférés, curieux de découvrir nos playlists (fan de Magic System). Le vent lui fouette le visage. Il semble heureux.

« I have a  dream »

Au fil de nos rencontres, nous croisons toutes sortes de personnes d’horizons différents. Chacune d’entre elles partage son rêve. Fantasme , chimère, songe. Sont-ils si différents aux quatre coins du globe? Ne retrouve-t-on pas un brin de nous dans chacun de ces désirs?


Dorj – Gobi et Mongolie centrale

Dorj est guide depuis 2 ans. Il a d’abord exercé en tant que cuisinier, a travaillé 2 ans à Istanbul avant d’aller apprendre l’anglais à New Delhi. Il rêve de devenir riche. Enfant nomade, il sait parler aux chevaux, attraper les chèvres par les cornes, courir après les agneaux, fendre le bois à coup de hache et dormir n’importe où. 


Sanja – Gobi et Mongolie centrale

Sanja a toujours sa casquette sur la tête, il est chauffeur depuis plus de 25 ans pour Golden Gobi et sillonne le pays en transportant des touristes. Enfant du grand ouest mongol et s’est marié avec une femme du grand est. Quand on lui a demandé comment ils s’étaient rencontrés il s’est contenté de sourire. 5 enfants sont nés puis 11 petits-enfants pour sa plus grande fierté. Sanja parle parfois tout seul et rit beaucoup. 


Anu – Oulan Bator

Anu a une voix douce et posée. Elle relie les traces de son corps aux éléments de la nature et de la vie qui l’entourent par des fils d’or. Mère d’un fils de 7 ans, elle n’est pas certaine de vouloir d’autres enfants. Elle a hérité de la spiritualité de sa mère vegan et professeure de yoga et d’un profond attachement aux animaux des steppes où elle passe l’été. Elle rêve de vivre longtemps pour enrichir son art, sensible et empli d’image et de symboles puissants. 


B. Chuluunbaatar – Gobi

Chuluunbaatar nous fait signe de le suivre tandis que le repas cuit sur le feu. Son atelier ayant pignon sur rue regorge de paysages mongols, vastes, sauvages, peuplés d’animaux. Son coup de pinceau est franc, tout comme ses couleurs qui ont le charme de l’art naïf. Les travaux qu’il réalise avec ses élèves sont encadrés sur le mur. Des exemplaires du calendrier 2019 illustrés de ses dernières œuvres s’empilent sur le bureau.


Portraits mongols

Le tein basané, ne quittant jamais son chapeau blanc et son manteau traditionnel, le père enfourche sa moto à la recherche de son troupeau de chevaux parti paître au loin dans la montagne. Il rentre bredouille. Son fils, cadet des cinq enfants, n’est pas encore scolarisé et le suit partout. Sur sa camionnette japonaise, la yourte démontée de ses voisins attend d’être remontée sur son terrain d’automne, plus bas dans la vallée. Le déménagement prendra à peine l’après-midi. 


Tanner – Beijing

Tanner vit dans la cinquième couronne de Pékin, un quartier encore abordable de la ville. Il gère une pension pekinoise depuis 3 ans et conduit une voiture intérieur cuir qui ne lui appartient probablement pas. Débrouillard, ambitieux, Il parle peu de politique, ou de façon détachée. Le coût de la vie s’envole dans la capitale et il faut être futé pour sortir du lot. Entre deux conseils avisés, Tanner lance joyeusement une balle au chien qui traverse fébrilement la cour de grenadier pour la lui rapporter.


Clément – Xi’an

Clément, sa casquette sur la tête, un large sourire aux lèvres, nous aborde tandis que nous sommes assis sur les remparts de Xi’An, occupés à regarder les milliers de chinois passer. C’est la semaine d’or, les autochtones disposent de six jours de vacances et en profitent pour voyager. Clément a 17 ans et rêve de devenir interprète. Toutes les occasions sont propices à sa pratique. Il étudie le français depuis un an à l’université Locale. Sa mère l’accompagne, fière des prouesses de son fils.


Apar

Apar, 36 ans, n’est toujours pas marié, ce qui préoccupe ses parents. Plusieurs événements douloureux ont lourdement marqué sa trajectoire, décès, histoire d’amour, jusqu’au tremblement de terre qui a dévasté la vallée de Katmandou en 1995 et laissé des milliers de personnes démunies. Actif et volontaire, Apar a soulevé des fonds pour reconstruire des écoles provisoires. Il souhaite valoriser aujourd’hui les petites communautés rurales qui font la richesse culturelle de sa région et organise des treks responsables chez l’habitant. Passionné, son enthousiasme est communicatif.


Le Prince de Jodhpur

Au détour d’un virage à proximité du fort de Jodhpur, le prince, vêtu de chaussures de cuir, d’un béret et portant un sac de voyage à la main, se présente à nous tandis qu’en sou courons après le lever du soleil. Volubile, il chante la grandeur de la ville et de son passé glorieux. Originaire du désert, Hansraj se présente comme le prince héritier d’une dynastie de Jodhpur. Ensemble, nous dansons, prenons quantité de selfies et faisons des vidéos diffusées sur YouTube. Le prince aime se regarder dans le miroir et rêve de voler dans les airs.


Norbu – Lhassa

Timide, la voix douce, le timbre clair, Norbou parle précautionneusement. Originaire d’une famille semi-nomade des montagnes au nord du Mont Everest, elle a quitté son village pour étudier l’anglais en ville et passer le diplôme de guide tibétaine. Profondément croyante, elle connaît les figures du bouddhisme tibétain et nous les transmet au fil des jours. Sa sœur, nonesse, s’est réfugiée au Népal pour exercer sa foi. Elle ne peut l’y rejoindre, les tibétains étant privés de passeports. Soumise au contrôle sévère des chinois, elle ne révèle que très peu ses pensées politiques et ne sort pas du programme dictée par le régime.


Sonam – lhassa

Le sourire ne quitte jamais le visage de Sonam. Un sourire franc, chaleureux et communicatif. Célibataire, il conduit sur les routes tibétaines a longueur d’année. Tandis que la musique tibétaine joue ses airs traditionnels, Sonam chante avec entrain, pas une parole ne manque à sa mélodie.


« Enchanges de portraits ou ceux qui m’ont photographié »

Selfies, autoportraits, photo de groupe, pauses stéréotypées, la quantité de photos prises par les touristes est innombrable. Dans chaque contrée traversée, nous sommes surpris par le nombre d’autochtones souhaitant un portrait en notre compagnie, et plus particulièrement avec les enfants. Cette série constitue un échange, un selfie contre un portrait.

Ou « Ceux qui m’ont photographiés »

Sur les murailles de Pingyao
Khora du monastère de Ganden
Jodhpur
Jodhpur
Bundi