Musée Igor-Savitsky : avant garde russe

Ça y est aujourd’hui on a réussi à voir le fameux Musée Savitsky (Savitsky est un archéologue et peintre russe amoureux de la région). Un musée fort intéressant pour ceux qui voudraient venir le voir. Il rassemble les oeuvres d’artistes russes des années 20-30 méconnus car ayant été interdits, enfermés dans des asiles ou déportés dans les goulags à l’époque puisqu’ils refusaient de suivre à la lettre le seul art permis: le Réalisme Soviétique. Savitsky a collectionné leurs oeuvres de façon assez systématiques, et même si peu d’entre elles sont exposées, c’est un parcours intrigant. On était seuls vu que cette partie de l’Ouzbékistan n’est pas vraiment sur la route touristique.

L’activité annexe de la matinée a consisté à réparer l’appareil photo de Nicolas, un problème sérieux puisque comme chacun sait un Nicolas sans appareil photo est un Nicolas amputé. Les piles au lithium n’étant pas monnaie courante au Karakapalstan contrairement aux banquières incompétentes, Nicolas a bricolé avec une certaine agilité un système ingénieux et sophistiqué pour substituer sa pile high-tech. Il est vraiment fort ce Niko et bien plus beau que Mac Giver.


Ensuite, on est parti….. en bus….. pour Moynaq.

Moynaq….. On en étais où? au bus, ah oui au bus………..
 C’était, comment dire? Long, chaud, convivial, épuisant, inconfortable, lent, pénible, idiot… Oui c’est ça, idiot. Quatre heures et demie pour parcourir les 220km qui séparent la capitale du Karakalpakstan de l’ancien port de pêche. Mais peut-être devrait-on citer les quelques 80 personnes qui peuplaient ce bus en piteux état, femmes, enfants, postier, agriculteurs, travailleurs, tous dépendants de l’unique liaison quotidienne entre les deux villes pour 1,5 dollars…. Les gens se sont rués sur le bus, se poussant, se bousculant pour trouver une place même minime, assises ça a été vite réglé puisque prises d’assaut, voilà bien longtemps qu’il n’y en avait plus, mais juste un espace pour poser son sac, glisser un pied, poser une fesse par terre ou installer son énorme carton en écrasant tout le monde.

Une bataille inutile mais soutenue. On s’en est sorti tant bien que mal en s’asseyant sur les colis postaux, sur un pot de peinture et en se bataillant pour notre place à chaque arrêt. 


On est arrivé à Moynaq après la tombée de la nuit, après une longue route de désert, toujours plus aride, témoignant pourtant d’anciennes irrigations importantes, de fait toute la route est bordée de sillons abandonnés et d’anciennes plantations de coton en friche. 
À l’arrêt du bus, le conservateur du musée de Moynaq nous attendait, comme convenu au préalable par Rachid, un des quelques jeunes businessmen parlants anglais couramment et essayant d’aiguiller les touristes (il nous avait abordé a Nukus). Kobeysin ne parle pas anglais et visiblement il considère que les femmes ne méritent pas d’être salué! Il se présente donc à Nicolas puis nous guide dans la nuit très noire, traversant une ville morte, nos pieds s’enfoncent dans le sable, sans un mot.
 Il ouvre la porte de chez lui et nous montre une pièce au fond en nous disant de nous y asseoir. Les enfants se présentent timidement. La table des hôtes est pleine de bonbons et de sucreries, comme il est d’usage en Ouzbékistan. On attend. On vient nous laver les mains. Il n’y a pas d’eau courante à Moynaq et peu d’eau.

On devrait vous parler de cette ville pour vous resituer le contexte: Moynaq était un très grand port de pêche, qui alimentait en poisson toute l’Asie centrale, réussissant même à exporter sa pêche en Europe et Russie par avion. Depuis les années 60, suite à l’irrigation intensive, a la culture du coton, à l’évaporation excessive et à la salinisation des terres, bref, un bel exemple d’une écologie bien gérée, la Mer d’Aral est en train de mourir et Moynaq déserte n’est plus un port depuis belles lurettes. Elle est située à 150km de la mer…. Il n’y a presque plus d’eau, et lorsqu’il en reste, elle est très polluée et chargée de métaux lourds, produits chimiques et autres….

Donc pas d’eau. On s’était muni de 6 litres pour deux jours. Je reprends. On se lave donc les mains et l’on attend. On attend. On se regarde. On attend. On nous apporte à dîner. On dîne. On attend. On nous montre les sanitaires, un trou dans le jardin, et la salle de bain, le jardin en somme. On nous prépare une chambre, en déroulant les matelas sur le tapis et l’on nous dit bonne nuit.

Drôle de famille. Drôle d’accueil.

On est épuisé, on dort super bien.

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