On se réveille plein d’entrain. Mohammed, 10 ans, plutôt drôle et joueur, nous emmène voir l’attraction de la ville: le cimetière des bateaux! C’est étrange de faire du tourisme catastrophique, on vient voir le déclin, l’anéantissement, la désolation. Du port, il ne reste que des bateaux rouillés, des enfants jouant dedans et n’ayant jamais connu la mer, et une étendue vaste et infinie de désert…
Le sol est de sable, par endroits couvert de coquillages, la rosée du matin sur les broussailles est si salée qu’on en sort tout blanc. Les bateaux sont beaux, petits bateaux de pêche, grandes barges complètement rongées par le sel et la rouille, tous prisonniers du sable, à moitié enfouis ou sur cale, ils sont perdus. Nombre d’entre eux ont été récupérés pour leur ferraille, le métal en a été recyclé et constitue souvent les barrières ou les toitures des maisons. Il ne reste que les carcasses. La plupart des bateaux a dû être revendu ou transférée là où il reste de l’eau. Aujourd’hui, ce sont les troupeaux de chèvres qui parcourent « la mer ». Ce qu’il reste de pécheurs part en expédition en moto pour la semaine, transportant une barque sur un side-car. On marche pendant des kilomètres dans le sable avant d’arriver au monument aux morts de la guerre 1945.
On passe devant le théâtre à l’abandon, les écoles, et le fameux musée! Le musée est fumant, une pièce dédiée à la région et regroupant une collection impressionnante: 3 maquettes de bateaux, 10 animaux mal empaillés en piteux état, 20 tableaux des peintres locaux décrivant des scènes de pêche avant la catastrophe et puis, une yourte miniature et quelques photos moisies, sans oublier des bijoux d’artisanat local.
Une belle ode à la défense de la Mer d’Aral, on n’en attendait pas moins! On fait une donation qui atterrit directement dans le portefeuille de notre cher hôte pas de doute, la mer d’Aral est sauvée!
Après une sieste bien méritée, on part arpenter les rues de la ville. Une ville ou plutôt c’est une route bordée de maisons sur 10km. Les maisons sont presque toutes identiques et souvent abandonnées. De-ci, de-là, des usines abandonnées, notamment l’ancienne usine de conserve de poissons où l’accès nous est refusé. On traverse ces terrains vagues sans trop savoir ce que c’était, on ne trouve personne qui parle anglais et qui pourrait nous raconter.
On se rentre, on fait notre toilette (Marion se lave les pieds) et après un dîner gras et la liquidation de notre dette envers nos hôtes, on part au lit. Drôle de maison. La ville est intéressante, mais c’est vraiment un drôle d’accueil.