La chance nous sourit. Une lumière magnifique éclaire cette journée sur le canal de Brecknock. Le Yaghan glisse sur une mer huileuse à une vitesse de 10 noeuds de l’heure. Les lions de mer jouent, taquins, une nageoire en l’air, dorant sur le dos ou sautant au soleil. Nous profitons.
Le ferry s’engage dans le canal de Beagle. Les glaciers jettent leurs langues vers la mer, les séracs, bleus, pointent leurs flèches vers le ciel. Cascades, montagnes rases violacées, pics, le paysage est plus montagneux qu’au nord.
Loin de tout. Terres vierges. Glaciers fondant inéluctablement. Nous nous perdons dans nos pensées, rêvant de Grand Sud.
Évents, baleines au loin. Un thé réchauffe nos mains engourdies.
Petit tour dans la cabine du capitaine. Les bras de glaces s’enlacent.
Deux jeunes réalisateurs chiliens suivent les traces de deux ethnologues Français, réinterprétant leur film sorti en 1925. Les passagers sur le pont échangent leurs plus doux souvenirs de voyage.
Rêveries.
Les travailleurs descendent à Yendegaia dans l’espoir d’achever la route qui rejoindra Punta Arenas d’ici trois ans.
Nuit noire dans la baie d’Ushuaïa. Les lumières du bout du monde scintillent.
Lisselotte nous cueille au port de Puerto Williams. Il est minuit et demi.