L’Evangelista

Nous émergeons de notre comas peu avant la fermeture de la cuisine. Le café brûle encore les lèvres quand Fredy, le loueur de voiture, passe nous prendre pour nous déposer à l’Holiday Inn, pour notre check in. 

 En cette journée bissextile, nous embarquons sur l’Evangelista, un bâtiment japonais construit en 1977,  opérant depuis 2000 la route Puerto Montt, Puerto Natales en quatre jours. Nous n’aurons pas le temps de flâner en ville, le bus nous attend en fin de matinée. 

Puerto Montt est totalement barricadée depuis le mois d’octobre. Les revendications sociales sévissent durement et les banques n’ouvrent plus le week-end. Des tags anticapitalistes recouvrent les boutiques, les pharmacies ne sont accessibles qu’à travers une petite meurtrière, les vitrines ont des airs de camps retranchés. Chaque vendredi est jour de manifestation. Le peuple souffre, l’inflation grimpe, l’énergie coûte cher, les services publics sont privatisés, les inégalités sociales sont pharaoniques, le désespoir devient violent. La ville, sans grand attrait touristique, est néanmoins très vivante avec ses marchés, sa promenade le long de la mer, ses commerces. 

Nous sommes environ 90 touristes à embarquer en plus des 2 niveaux de camions de marchandises. Quelques locaux rentrent également chez eux, le Navimag étant l’unique liaison entre Puerto Montt, les villages côtiers du centre de la Patagonie et Puerto Natales. 

Nous prenons possession de notre cabine avec vue, plus étroite qu’un compartiment de train, mais suffisante étant donné le peu de temps qu’on y passe. Déjeuner, conférence de bienvenue, point sécurité, tout est prêt pour le départ. Le navire tourne, teste ses moteurs puis s’ébranle à 16h à 12 noeuds de l’heure. 

Les enfants sympathisent d’emblée avec les quatre autres enfants chiliens à bord et disparaissent dans les couloirs du bateau. Nous tapons la causette avec toutes sortes de gens, Cédric et Caroline tour du mondistes,  Bernard, retraité ex-tourdumondiste et grand voyageur, Matthew, étudiant canadien, petits et grands voyageurs de tout âge. L’ambiance est détendue et simple, la météo féerique, le coucher de soleil rosé, le tout s’annonce impeccablement bien. 

Nicolàs, le chef d’équipe nous décrit la route, ses points particuliers et la faune qui s’y cache. Nous rejoignons nos appartements en rêvant de cétacés.

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