Rizières de coton

Maël s’introduit délicatement dans la chambre de ses parents pour réveiller son papa. Affûté à la quête des belles lumières, il a repéré un lever de soleil scintillant ce matin et veut le faire partager. Les montagnes sont encore noires, en contre jour, tandis que le soleil prend son temps pour en surgir. Ses rayons délicats frisent les rizières blanchies par la chute de neige nocturne. Les champs dorment encore. Absorbés par le spectacle d’une campagne émergeant de sa couette de poudreuse, nous prenons le café au coin du feu sans décoller les yeux du soleil. 

Les abords du lac Aoki sont déserts. Seuls les canards s’émoustillent au milieu de l’eau. Sous les branches cotonneuses, l’hiver se fait plus vigoureux, nos orteils souffrent dans leurs chaussures mi-saison. Les enfants ne s’en soucient guère et lancent des boules de neige dans l’eau pour faire des ricochets. Nous inventons le bowling sur neige, le plus long consiste à façonner sa boule, pour le reste, peu de strike, on manque d’entraînement. Nous empruntons la route qui borde le lac jusqu’à ne plus supporter le froid. 

Hakuba constitue le cœur des stations de ski des alpes japonaises. C’est une petite bourgade désordonnée d’où partent diverses routes menant à des petites stations dont la plus haute culmine à 2300m. La neige japonaise est réputée. Cet hiver elle manque cruellement au rendez-vous. Compte tenu du peu de pistes ouvertes, nous abandonnons notre rêve de ski. 

Nous nous replions sur une brève promenade le long de la rivière Himekawa, la route forestière étant coupée par des chutes d’arbres. Depuis le col qui domine Hakuba en rejoignant Nagano, la vue domine les cimes enneigées. Bien que les sommets soient plongés sous le brouillard, le spectacle au coucher du soleil n’en reste pas moins simplement beau. 

De retour à la maison, une famille japonaise s’est installée. Maël enseigne le UNO à leur fils de 11 ans tandis que nous contons nos aventures face des yeux ahuris par tant de temps libre!