Toitures aux paumes des mains jointes

Les nuages ne parviennent pas à retenir les gouttes tant ils sont chargés. Une pluie incessante plombe le ciel. Nous plions bagages et prenons la route de Shikarawa-go, village rural classé au patrimoine mondial de l’UNESCO pour ses célèbres maisons de chaume. Les gassho-zukuri arborent d’épaisses toitures extrêmement pentues qui empêchent l’abondante neige de s’amonceler. Hivers rudes et isolement ont modelé ces curieuses demeures dans lesquelles on élevait les vers à soie à l’étage supérieur tandis que les familles aisées occupaient le rez-de-chaussée. Rizières et plantations de choux colonisent les parcelles libres. Des canaux d’irrigation ainsi que de retenues d’eau courent le long des habitations. La pluie cesse. Pas un rayon ne viendra éclairer ce beau village touristique toujours habité. Il existe d’autres villages typiques moins touristiques dans le coin mais le taux d’humidité ne nous encourage pas à prolonger notre route déjà ambitieuse. 

Un petit point route s’avère nécessaire. Nous avons commis une infraction impardonnable en suivant les ordres de notre GPS. Un malheureux demi tour nous a valu les sirènes d’une voiture de police. Sentant déjà l’odeur désagréable d’une prune pharaonique, nous arborons un sourie crispé. Le policier, nous explique dans un japonais parfait que les demi tours sont interdits. Nous jouons la carte de l’ignorance et de l’incompréhension. Le vigile s’en va chercher un carnet de note pour nous faire un croquis précis et compète son explication par Google translater. Un grand sourire, une salutation courtoise et une injonction de suivre la législation nippone. Bonne journée. Ébahis par tant d’indulgence et de patience, nous reprenons la voie expresse la banane aux lèvres. Hormis la conduite à gauche, la particularité nippone est à rechercher du côté des autoroutes. Mis à part leur prix exorbitant et une limitation de vitesse digne du périphérique parisien, les agents présents dans les guérites de péage sont exceptionnels. Généralement âgés, les japonais ne semblent pas connaître l’actualité des grèves qui enflamment la France pour une retraite maintenue à 60ans, le personnel salue, avant, pendant et après le paiement, tout en expliquant en japonais ses moindres faits et gestes pendant l’opération. Saisissant. 

De nombreux lacets nous attendent avant d’atteindre notre prochaine étape au nord de Matsumoto. Nous empruntons pour la quatrième fois la route traversant le massif alpin et parvenons pour le dîner dans notre maison d’hôte à Azumino. Un feu de bois crépite dans le poêle du salon, nous sommes chaleureusement accueillis par notre hôte et nous installons dans les chambres fraîchement rénovées qui devaient être celles de leurs filles parties étudier à Tokyo. Moulins à prière, drapeaux, stuppas, prières tibétaines décorent le salon. La propriétaire est une Sherpa népalaise installée depuis 25 ans au Japon, nous ne sommes pas dépaysés. 

L’endroit est extrêmement agréable. Nous sommes le seuls hôtes de ce petit chalet de montagne. Petite soirée comme à la maison. 

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