Vélo à Teshima

Journée sans enfants, journée sans parents.

Chacun sa vie aujourd’hui, le programme est libre. Tandis que les enfants passent une journée détente à se faire dorloter par leurs grands-parents, nous prenons le ferry pour l’île de Teshima. Sous l’impulsion de Tadao Ando et d’autres artistes et architectes de renom, Naoshima puis Teshima à son tour, ont initié une reconversion, de l’industrie lourde à l’art contemporain. Chevauchant nos vélos électriques, nous parcourons l’île montagneuse, à vitesse grand V, libres comme l’air. Mandariniers, citronniers, oliviers et même quelques palmiers confèrent au paysage insulaire un parfum méditerranéen.  La plupart des œuvres d’art sont malheureusement fermées.

Nous longeons la côte jusqu’au Art Museum Teshima, oeuvre de l’architecte Ryue Nishizawa et de l’artiste Rei Naito. Une vaste coque de béton gris clair émerge de la colline telle une coquille d’œuf percée. A l’intérieur, une ouverture cadre des arbres sombres bruissants sous le vent vif qui balaye l’île, tandis que la seconde donne à voir les nuages mouvants. Du sol immaculé surgissent de petites gouttes d’eau, telles de micro-sources suintant d’un paysage de sous-bois. Les gouttelettes d’eau perlent, courent, se rejoignent, s’immobilisent avant de se faufiler tels de petits serpents avant de former de grandes flaques. Le soleil imprime ses ombres à la structure courbe. L’ensemble, très poétique, est fascinant, on pourrait passer la journée a regarder perler l’eau au hasard des pentes.  Comme dans l’ensemble des musées de l’île, le règlement est strict et l’entrée onéreuse, ni photos ni dessin ne sont permis, sauf au crayon à papier! C’est bien la première fois qu’on m’interdit de peindre!

Sur la plage, Christian Boltanski a fondé les archives du cœur où sont enregistrés les battements de cœur des visiteurs, preuves de leur passage sur terre. L’installation, manquant un peu de générosité spatiale, consiste en un couloir sombre, habillés de miroirs rectangulaires, éclairés par les flashs d’une ampoule répondant aux battements de cœur de la bande sonore.

Le froid sévit, pas un restaurant ouvert, nous nous réfugions autour du réchaud du seul magasin ouvert, pour dévorer nos sempiternelles nouilles déshydratées. Dernier arrêt, la Yokoo House, une collaboration entre l’architecte Yuko Nagayama et l’artiste Tadanori Yokoo. L’ancienne demeure traditionnelle est séparée en trois espaces, traversée par un ruisseau, des pierres rouges et des poissons. Les œuvres n’ont aucun intérêt à nos yeux.

Teshima est pleine de charme et mérite qu’on y passe la journée, notamment à vélo. Les œuvres d’art sont plutôt décevantes et un brin prétentieuses. L’art contemporain devrait parfois rester humble. 

Art Museum Teshima – Ryue Nishizawa
Les archives du cœur – Christian Boltanski
Yokoo House

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