Uluru

Nous confions les enfants à Morphée et filons seuls admirer le lever du soleil sur Uluru. L’aube point à peine. Bleu, indigo, jaune, orange, doré, le grès change de couleur sans toutefois rougir totalement ce matin. Tout est paisible malgré les touristes. Nous prenons le temps d’assister au lever du soleil et au frémissement de ses premiers rayons. 

Nous avions l’ambition de faire le tour d’Uluru. Las, le soleil est déjà bien haut et les enfants seuls, nous renonçons et empruntons la randonnée de Kuniya jusqu’au rocher sacré et celle de la cascade du dieu serpent d’eau, pour finir par une partie ombragée de Lungkata. La balade est très agréable, révélant piscine, peintures rupestres et des grottes dont la forme ressemble à une vague figée au moment de se briser. La topographie des lieux cache les légendes aborigènes transmises de père en fils, de mère en fille depuis des milliers d’années. 

Les mouches attaquent en masse, bourdonnent dans les oreilles, se postent sur l’objectif, s’immiscent subtilement sous le filet. Quel fléau!!

Nous retrouvons les enfants en train de jouer, levés à 7h les coquins. 

Dans la salle commune, nous faisons la connaissance d’Isabelle et Olivier, partis d’Alberville il y a 6 mois pour un tour du monde de la cinquantaine. Ils nous tuyautent sur l’Amérique du Sud. 

Le centre culturel du parc est géré par les aborigènes et regroupe café, galeries d’art et petite exposition sur les croyances et les contes liés à Uluru. Des artistes de la communauté y ont leur atelier et nous leur achetons un petit tableau des dieux lézards. 

Un petit parcours nous apprend à reconnaître les symboles des peintures rupestres et à lire les traces  laissées par les mythes ancestraux sur la topographie du rocher sacré. Kuniya, la femme python terrassant Liru le serpent venimeux qui a empoisonné son neveu, le peuple Mala chassé d’Ukuru par l’esprit diabolique, le lézard bleu victime de sa  gloutonnerie et de ses mensonges, le wallaby… Toutes ces légendes du « temps du rêve » passionnent les enfants. Nous allons ensuite retrouver leurs empreintes sur la roche. 

Les aborigènes prennent soin de cette terre australe depuis plus de 50 000 ans malgré un climat très rude. Ils ont réussi à maintenir un délicat équilibre dans cet environnement fragile, grâce à une connaissance aiguisée de la faune et de la flore, à la pratique ingénieuse du brûlis, à la pisciculture et au développement de l’agriculture. L’invasion des colons britanniques au 18ème siècle a anéanti leur mode de vie et leurs pratiques ancestrales. Alcool, maladies européennes, incendies, introduction des bovins et des chevaux, confiscation des terres, ont décimé la population. Aujourd’hui les aborigènes luttent pour leurs droits, leur égalité et la reconnaissance de leur culture. Bien qu’ayant obtenu le pardon de l’état pour la confiscation de leurs enfants métisses jusque dans les années 60, et ne souffrant théoriquement plus de discrimination, les communautés aborigènes vivent aujourd’hui en partie dans des réserves et sont paupérisées. Nous croisons quelques familles au supermarché mais n’avons malheureusement pas l’occasion de discuter. L’atelier de peinture à points que nous souhaitons suivre en compagnie d’une artiste locale n’a malheureusement pu avoir lieu faute de participants. 

Emplis de ces mythes de la création, nous plongeons pour deux heures de piscine tandis que Nico va profiter une dernière fois du rougeoiement du coucher du soleil sur Uluru. 

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