Le défi frontières

On abandonne l’idée de la rando matinale car l’étendue du désert et la chaleur nous freinent un peu, et puis le seul bus de la journée repart à 7h du matin. On se lève avec le soleil et sans les poules, et on attrape le minibus plein de tous les villageois allant faire leurs courses dans la zone franche d’Aqaba sur la Mer Rouge.

Après 70km on arrive à la mer. La ville est riche, les rues bordées de palmiers et de malls, hôtels luxueuses et grosses voitures. C’est le seul accès jordanien à la mer et il est très exploité et en pleine expansion. D’Aqaba, on embrasse du regard les villes d’Eilat (Israel) et Taba (Egypte) ainsi que la cote de l’Arabie Saoudite. Un carrefour étonnant sur seulement une 40taine de kilomètres.

On ne s’arrête pas à Aqaba, peu attrayante mis à part pour le shopping et les grands hôtels et on décide d’aller en Egypte par la terre… tin tin tin…

La sortie du territoire jordanien se fait sans encombres, ce n’est qu’une rapide formalité avec des « Welcome in Jordan » des douaniers souriants.
Il nous faut maintenant rentrer en Israel. Tout est très moderne, propre et sophistiqué. Les gens sont souriants et efficaces, le parcours ultra balise. On passe nos bagages aux rayons X, une fois, deux fois, trois fois, seul le paquet de sel marin intrigue, mais rien de très méchant : on obtient notre coupon jaune pour la douane et on poursuit notre parcours flèche. On s’adresse ensuite au guichet du contrôle des passeports. Le portugais devant nous répond à deux trois questions et passe rapidement. On tend avec un peu d’appréhension nos passeports… A la vue de nos visas iraniens et syriens, la douanière explose littéralement de rire et nous demande « Vous êtes allés en Iran et en Syrie?!?!? ».

Sa collègue explose de rire. On est très content de cette bonne humeur générale mais ça n’annonce rien qui vaille. Elle nous pose pleins de questions, dates, trajets approximatifs dans les deux pays en question, liens éventuels sur place, numéros de téléphone et email, noms des parents et des grands parents puis nous dit gentiment de nous assoir, la démarche peut prendre quelques minutes comme un temps indéterminé…. « Please be patient ». On prend bien soin de préciser qu’en plus on ne souhaite pas de tampons israéliens dans notre passeport.

On va s’installer sur le banc, se demandant finalement si on n’aurait pas mieux fait de prendre le ferry entre la Jordanie et l’Egypte comme tout le monde. L’heure du petit déjeuner est venue. On mange, on lit… Après 2 heures d’attente, on nous rend les passeports en s’excusant de l’attente « It’s a normal security procedure ». Incredules, on se dirige vers la sortie où une autre douanière s’occupe de nous appeler un taxi. Et voilà on peut rester 3 mois et contrairement à ce qu’on avait pu nous dire, il est tout à fait possible de rentrer en Israel avec des visas syriens et iraniens.

Le taxi nous amène directement du Yzhak Rabin Checkpoint au Taba Checkpoint. Il passe à travers Eilat, ville très développée, pleine de grands complexes hôteliers et de gated communities. Beaucoup de juifs français achètent ici nous annonce le taxi, ce qui fait monter les prix de l’immobilier. Et puis les russes envahissent Israel, de plus ils ne sont certainement pas tous juifs, ce n’est pas bien, même s’ils font leurs trois ans de service militaire.

Les touristes sont presque exclusivement français ici, les autres liaisons aériennes directes ayant cesse à cause de la seconde intifada et des risques d’attentats. Il nous conseille de rester en Israel mais on lui explique qu’on reviendra une autre fois. Beaucoup d’israéliens vont au Sinai en vacances, ce qui n’est pas vrai des egyptiens qui boudent Israel, dit-il. Dommage qu’il ait fallu rendre le Sinai, enfin passons… on arrive à la frontière. Il est extrêmement facile de sortir du pays, tout comme de rentrer en Egypte. Il suffit de s’acquitter d’une taxe (20€ en Israel et 10€ en Egypte) malgré le visa préalablement acheté en France.

Le changement d’ambiance est brutal : pas de bonjour, pas de bienvenus ou de merci. Ici, les douaniers sont plus rudes, très directifs, désagréables et les politesses rangées au placard.
On sort rapidemment des contrôles et après 5h de transfert, on a pu passer d’Aqaba à Taba séparés de 12km.

Dehors, il faut déjà se battre et marchander, pas de répit. Les chauffeurs de taxi ont le sang chaud et on est plutôt agressés. On négocie. Marion ne lache rien (impitoyable en négociations). Un chauffeur décide de nous offrir un prix inférieur aux autres sans le leur dire et fait semblant de nous amener à la station de bus alors qu’il nous emmène en fait a Dahab… Les prix doivent être fixes. On se tait et on part. On prend deux arabes d’Arabie en route et le minibus poursuit sa route sur 160km dans le désert très aride du Sinai. Les montagnes sont rocailleuses, noires, jaunes, rouges et grises. Pas un arbre ne vient s’immiscer dans ce paysage rude. Deci delà quelques tentes bédouines. Sur la cote, le contraste est violent entre la mer bleue et la sécheresse du paysage. Entre Taba et Suweiba, de nombreux hôtels en béton à moitié construits ont poussés. Ce sont apparemment des investisseurs peu scrupuleux ayant emprunté des sommes importantes à la banque pour monter des complexes touristiques, et ayant fuit le pays après avoir esquissé le projet afin de débloquer les fonds. Du coup le paysage est curieux. Un sentiment d’abandon plane. Assez fantomatique et désolé. Quelques paillottes et complexes hoteliers apparaissent sur la cote, mais pas âme qui vive. Curieux endroits.

Dahab ou plutot Mashrab, la plage au nord de Dahab, est un endroit sympa, squatté par les centres de plongées et les hôtels relaxes pour voyageurs indépendants. On se dégotte un petit hôtel fort sympathique avec piscine a 50m de la plage.
Direction la plage. Petite cure de jus de mangue, fraises, citron ou melon. Salon bédouin et mer bleue. Petits poissons de toutes les couleurs et de toutes les formes en snorkelling. Soleil et air de farniente. L’ambiance nous plait beaucoup. On se prélasse.
On loue masque et tuba et on se perd dans les fonds coraliens.
Le soir, orgie de poissons grillés, calamars, gambas et légumes grillés sur la plage, et si c’etait ca les vraies vacances?

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