Changer d’air. Nous nous sommes trouvé une confortable petite chambre dans le centre ville où attendre paisiblement le jour où nous pourrons décoller. Difficile de détacher ses yeux des innombrables soubresauts de la pandémie mondiale. Confinements, interdiction de voyager, sanctions, défiance, tensions, pénurie, guerre. Les nouvelles sont anxiogènes. Le monde semble prisonnier du roman de Saramago, «l’aveuglement ». Jusqu’où ira-t-on?
Vu d’ici, tout est calme. Le Covid-19 n’a pas encore traversé le canal de Beagle. Les écoles sont fermées, Les négoces ouverts, les étales approvisionnés, les gens souriants, le bar sert de la bière. La vie n’est pas encore totalement ébranlée par la fermeture des frontières. Le Chili entre dans la liste des pays pestiférés, les français sont au sommet.
A défaut de sortir du pays, pourra-t-on encore s’y déplacer? Pour l’instant on procède par étape, la première est de rejoindre Punta Arenas, la seconde de remonter vers Santiago, la dernière de louer une maison à la mer en attendant que la tempête passe.
Dehors le soleil surgit et avec lui une magnifique lumière australe. Nous partons explorer la cascade de los Bronces perdue au milieu de la forêt. La côte est mirifique. Le vent se lève, sévère. Coquillages, bâtons, cailloux, grand air, oiseaux sauvages. Au loin, un taureau beugle. Les chevaux dressent les oreilles. Nous profitons de l’air marin. Loin. Seuls. Bien.