Barbe fraîchement taillée, visage rond et souriant, ton enjoué, Apar vient nous cueillir au sortir d’un déjeuner matinal. Nous posons nos deux lourds sacs dans le 4×4, un peu honteux de les avoir tant remplis pour 6 jours, et prenons place pour 4h de route mi-goudronnée mi-rocailleuse. La chaîne himalayenne apparaît et disparaît au grès du caprice des nuages et des virages. La route longe la rivière Kali Gandaki, traverse villages et rizières, grimpe et redescend parmi les cultures. De vastes travaux d’aménagements sont en cours, la chaussée est sans dessus dessous. Quelques rares machines grattent de temps en temps le sol. Les ouvriers, truelles en main, renforcent les bas cotés. Rien ne semble avancer. L’argent a été dilapidé avant que la route n’ait été achevée. La corruption prend tout. La fuite des technologies et des cerveaux fait le reste. Le Népal n’avance pas. Il s’englue entre une succession de gouvernements inopérants, une diaspora très importante, un savoir-faire défaillant, pris en étau entre les guerres commerciales de l’Inde et de la Chine.
Il n’en reste pas moins que les paysages illuminent nos regards à chaque apparition d’un sommet, à chaque champ moissonné, à chaque sourire accueillant. Le contraste entre les hauts sommets et la végétation luxuriante subtropicale située 6000m en contrebas est stupéfiant.
Arrivés à Beni, nous quittons le chauffeur et récupérons Buddiman Magar, un deuxième porteur tout menu. Commence une longue ascension. Une heure d’escaliers sous une chaleur humide. Après cette entrée en jambe plutôt sportive, nous traversons les champs en terrasses. Les récoltes de riz sont en cours; fauchage, séchage au sol, battage des épis à la main, labour par les bœufs, le travail de la terre est archaïque. La moisson a un mois de retard et la production n’est pas bonne cette année. Une fois le riz récolté, on plante de la moutarde, du blé ou du millet africain utilisé pour faire un alcool local. Goyaves, bananes, mandarines, pomelos, courges, tomates sauvages, la vallée regorge de fruits. Les paysans sourient et nous échangeons de nombreux « Namasté » chaleureux.
Sur la route, nous faisons halte dans une école maternelle et primaire de 32 élèves. Les enfants entonnent fièrement l’hymne national dans leu=r salle de classe rudimentaire et récite les 36 lettres de l’alphabet népalais.
Notre guide, très impliqué dans la culture et le développement local, s’adresse à tout le monde et va aux nouvelles. Il parle librement de politique et de justice sociale. Pendant le trek, nous dormons et mangeons dans les refuges gérés par la collectivité rurale, l’argent est redistribué à l’ensemble du village.
Notre chambre chez l’habitant se situe à Banskharka, petit bourg accroché à 1500m d’altitude au milieux des plantations. Notre hôte fait griller des pop corn et des cacahuètes, nous goûtons aux mandarines du jardin et aux étonnantes tomates sauvages qui poussent sur les arbres. Dans la salle communale, Alex et Jane, deux anglais en voyage pour 7 mois et Rebecca, une suédoise en solo nous rejoignent pour le dîner. Le débat est passionné. Apar nous a lancé sur le Brexit… pour une fois les européens sont d’accord!
6km et 777m de dénivelé positif
Une réponse
Magnifique ce Dhaulagiri!
Dénivelé et marches font penser à la Réunion ?
Bises, profitez bien de ce magnifique treck
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