Fatehpur Sikri la ville de la victoire

Bunti khan, la chemise parfaitement repassée, nous attend dans son auto-rickshaw en souriant. Les enfants ont le droit d’essayer de le conduire, chacun à leur tour et sont ravis. Nous empruntons la route fraîchement goudronnée de Fatehpur-Sikri. Un petit vent frais souffle ce matin. Les champs de moutarde sont fleuris. Les ânes transportent les marchandises tandis que les vaches somnolent au milieu de la chaussée rutilante. Les remparts rouges de la ville apparaissent après 40km de trajet. 

Notre guide, barbe blanche et calotte sur la tête, parle un parfait français. Il nous conte l’histoire de Fatehpur-Sikrī, ancienne capitale Moghol, rapidement délaissée faute d’eau au profit de Lahore. Akbar, roi Moghol réformateur et grand conquérant unificateur de l’Inde, se révèle être également un grand constructeur. Il établit sa nouvelle capitale à Fatehpur-Sikrî en 1556 en hommage à la ville du soufi Salim Shichti dont les bénédictions lui apportèrent trois fils. Très ouvert, il avait trois femme, une chrétienne portugaise, une hindoue mère de ses fils et une musulmane. Chacune d’elle possède un palais à l’architecture unique: vaste palais hindou et jaïn, palais aux peintures d’éléphants, petit pavillon finement décoré de panneaux aux influences perses dont les miroirs se reflétaient au soleil

Bien que débordant de détails raffinés – colonnes aux motifs variés, panneaux ajourés, plafonds à motif, etc – l’ensemble est d’une étonnante simplicité. Les fins planchers de grès rouge sont supportés par des piliers carrés, formant un parfait plan libre ombragé et balayé par le vent. Bassin d’agrément, pavillons, grande pagode, le lieu est totalement fascinant. L’architecte serait chinois d’après la légende. La mosquée monumentale est elle aussi saisissante. Ambiance détendue, familles pique niquant, vendeurs d’alléchants plateaux de fruits, rabatteurs et marchands de pacotilles, la cour est animée. Le tombeau en marbre blanc du soufi trône au centre, attirant les femmes désireuses d’enfants. 

Sur le chemin du retour, la pluie commence à tomber. Une vache étourdie traverse sans regarder et heurte le rickshaw. 

Nous nous arrêtons en ville pour notre seconde tentative d’achat d’une SIM card. Une pluie diluvienne et deux heures de tentatives de connexion plus tard, nous repartons avec nos numéros de téléphones indiens. La patience est le maître mot dans ce pays.

Ce soir, malgré la pluie, les fanfares des mariages défilent dans la rue devant la pension, suivies des danseurs, attelages de chevaux, guirlandes lumineuses, invités. Un vacarme joyeux s’ensuit. On nous distribue des glaces et nous invite à joindre le rang des invités en dansant. Les enfants sont trop fatigués pour vouloir prendre part à la fête et nous rentrons dîner. Les feux d’artifice et l’orchestre continueront leur boucan pendant une bonne partie de la soirée. C’est la saison des mariages. 

Jama Masjid – grande mosquée

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