Shiva et Parvati

Il fait encore nuit. Les indiens se rendent déjà sur les ghats pour leur bain rituel, leurs ablutions, leur lessive. Les immondices jonchent le sol dans l’attente d’être ramassées puis brûlées par les intouchables. Les chiens se régalent tandis que les vaches raclent les sacs plastiques. Nous nous faufilons jusqu’aux quais, prêts à embarquer sur notre barque entre les nombreux baigneurs. Le batelier rame près du bord, frôle les rafiots, s’emmêle dans les cordages. Le jour se lève sur la ville, voilé, pas de soleil en vue ce matin pour nous. Le spectacle n’en reste pas moins étonnant. Lessive, offrandes, fleurs, bougies flottantes, cadavres de vache, bain des enfants et des plus grands, le Gange voit passer l’Inde entière en son sein. La balade est paisible malgré les quelques bateaux à moteur qui filent et laissent échapper une lourde fumée noire. 

Après le petit déjeuner, nous nous laissons guider à travers les ruelles sinueuses, les temples et les vieux palais des maharajas laissés à l’abandon. Notre guide nous fait traverser le quartier musulman et les ateliers des tisserands ou les brocards de soie sont façonnés. La ville de Shiva honore le dieu bienfaiteur et les différents réincarnations de sa femme Parvati à travers  quantité de temples et de lingams. Le Kashi Vishwanath, le « temple d’or », dédié à Shiva fait face à une grande mosquée. Le premier ministre nationaliste a décidé de démolir les maisons accolées au temple afin le mettre en valeur depuis les ghats. C’est un vaste chantier sous haute surveillance suite aux tensions entre hindous et musulmans. Le temple rouge de Shri Durga, réincarnation de Parvati, accueille les jeunes mariés. Caché dans une cour à l’abri des Klaxons assommants de la circulation un temple se dresse paisiblement non loin de l’adorant marché aux fleurs. 

Les sadhous oranges, pourpres et noirs occupent chacun un grade chez les prêtres. Nous pénétrons dans l’ashram des sadhous noirs, rarement visibles, qui découpent les morts en 108 morceaux avant de les brûler. Les têtes de morts sont vénères autour des arbres, du bassin de temple. 

Lolark Kund est un étonnant bassin sacré dans lequel les femmes se baignent lors du festival du dieu soleil afin d’avoir un enfant. 

Apres 10km, nous sommes liquéfiés. Peu d’explications culturelles sont venues nous nourrirent pendant ces trois heures de balade, mais des précisions sur certains comportements sociaux, un bon choix de dédales à parcourir et la possibilité pour les enfants de poser des questions en français. 

Tandis que les enfants se décontractent, nous vaquons aux problématiques matérielles de notre vie de nomade: repriser un pantalon troué, recoller les semelles des sandales, payer le train et chercher une carte SIM. Tout cela nous  prend plus de deux heures, les indiens sont rarement pressés. Le train est un vrai casse-tête et nous tentons désespérément de trouver des solutions et des itinéraires alternatifs pour avoir des places. Nous abandonnons et nous rabattrons probablement sur le bus, il n’y a que du surbooking improbable sur les trains indiens et un système de réservation extrêmement complexe avec listes d’attente à tiroir. Quand à la carte SIM, malgré une heure de formalités afin de s’abonner, le système est inopérant et il faudra tout recommencer un autre jour qui sait…. 

Une réponse

  1. On s y croirait ! Ne manquent que les odeurs et les sons…
    Magnifiques couleurs, encore
    Quelle différence avec les premières photos russes !
    Bises

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