Le soleil est déjà bien haut lorsque l’on prend le chemin de la gare routière. On s’est décidé à aller voir notre dernier monastère du voyage, suivant les chaudes recommandations de tous les touristes croisés jusqu’à présent. La route est longue pour parcourir les 30km qui nous séparent du lieu saint. Il nous faut traverser les embouteillages de la ville avant de prendre la nationale menant à Rustavi.
La ville a obtenu l’impression Niko & Marion’s label de la ville la plus moche du Caucase, un prix difficile à décrocher compte tenu de la tenace concurrence qui fait rage dans la région. Un couple de chevaux en bronze marque l’entrée monumentale de la ville. S’en suivent une série de 200-300 barres de l’époque soviétique, toutes identiques, et oui identiques, orientées vers un soleil de plomb. Le paysage est impressionnant de rigueur et de systematisme.
On change de minibus pour se rendre à Garadevi de l’autre coté du fleuve. Des usines thermiques, nucléaires et autre merveilles de l’époque industrielle récente ponctuent la route bossue. La plaine fume. C’est un vaste désert d’herbe jaunie par le soleil.
On trouve un taxi à la station des bus pour nous guider à travers les chemins caillouteux vers la chaine de montagne de Davit Gareja. La route serpente sur des collines qui surplombent l’Azerbaidjan. Nous sommes juste à la frontière. Des bases militaires nous rappellent régulièrement qu’il est interdit de prendre des photos. Nous sommes surveillés de près par le colonel poste derrière ses jumelles, une main sur la mitraillette selon les dires de notre chauffeur. Le paysage est désertique. Des strates roses, jaunes et ocres composent la vallée sculptée par les écoulements d’eau. Ici, plus âme qui vive à part les rapaces. C’est grandiose.
L’hermitage est perché sur sa colline. Sa plus grande partie est creusée dans la roche. Il n’a rien d’exceptionnel. On commence notre ascension sous un soleil de plomb afin d’aller voir les chapelles et églises troglodytes tapissées de fresques qui couvrent la falaise. Le parcours suit la ligne de frontière, un pied en Georgie, l’autre en Azerbaidjan, pour notre plus grand bonheur. Le paysage est saisissant. Les fresques elles ont moins d’intérêt.
On recroise le japonais fou qui nous suit dans le caucase depuis Erevan avec son petit appareil photo, son bob orange et sa névrose de l’autoportrait pré-cadré (il demande aux touristes jusqu’à épuisement de le photographier selon un cadrage extrêmement précis devant chaque monument).
Après un retour aisé, on retourne diner dans notre taverne préférée des raviolis locaux, entourés de tablées d’hommes saouls portant des toasts à tout va. Le vieux photographe du quartier passe, comme tous les soirs, et propose ses services, une énième photo de potes ivres.