Invitation indienne

Quelques gouttes de pluie sont tombées cette nuit, l’air s’est légèrement rafraîchi. Nous traînons toute la journée sur les banquettes en tentant d’organiser notre séjour au Japon.

Kalu nous a invité à dîner chez lui à Nai dans la campagne d’Udaipur. Sa maison, héritée de ses parents, dispose de deux pièces. Sa mère vit en bas tandis que sa femme et ses deux enfants se partagent la pièce du haut. Toutes leurs affaires tiennent sur quatre étagères. Ils possèdent moins de choses que ce que nous portons dans nos sacs à dos pour un an… Quatre chaises en plastique, une armoire, une vielle télé, un frigo débranché, deux banquettes de bois et quatre couvertures. Kalu, généralement locace, est taciturne, nerveux et mal à l’aise. Les enfants trouvent immédiatement des terrains de jeux: chaise musicale, legos, loup, et sont conviés chez les voisins.

Je m’installe à côté de sa femme, analphabète, qui m’explique avec sourires et gestes que son mari ne fait rien à la maison. Tandis qu’elle nous prépare des chapatis avec double ration de beurre, elle mime son quotidien. Mener les buffles aux champs, cultiver le blé, faire la farine, ramasser le bois, le rapporter, faire la cuisine, nettoyer, construire le foyer de pisé de la terrasse. Mariés à 12 ans, ils vivent ensemble sans se parler. Le fils de Kalu, âgé de 17 ans, étudie la restauration et veut travailler dans le tourisme. Son père a fait l’acquisition d’une petite boutique qu’il faudra retaper afin d’y installer une agence de voyage. Ses parents arrangeront son mariage d’ici quatre ans avec une femme de la même caste, rajoute. Nous sommes chaleureusement invités. La tradition des mariages arrangés est toujours de vigueur dans la plupart des familles. Kalu et sa femme, les cheveux poivre et sel, les traits tirés, la peau tannée, doivent avoisiner les 35 ans mais semblent plus âgés.

Le dîner, bref, consiste en chapatis, riz, dahl. Sa femme nous ressert copieusement, soucieuse que nous nous régalions. Elle att Nora notre départ avant de manger à son tour. Pour le dessert, nous avons apporté un gâteau au chocolat que nous partageons. La pauvreté de nos hôtes nous a beaucoup secoué, Maël ne pensait pas qu’un tel dénûment pouvait exister

Nai a 10km d’udaipur
Le foyer
La nouvelle pièce construite par Kalu
La fabrication des chapatis

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