Nous avons fait notre temps à Beppu. Je ne suis pas tout à fait d’aplomb, mais tout le monde a pu se reposer un brin, reprendre un rythme scolaire, jouer, bouquiner et dormir. Il est l’heure de prendre le large. Nous louons une petite voiture carrée pour partir explorer les montagnes du centre de l’île autour du geoparc volcanique du Mont Aso.
Le soleil est sortit, l’air est joyeux et tout le monde bien disposé pour cette virée de trois jours. Première étape, Takachiho et ses gorges de basaltes volcaniques. Un gouffre étroit taillé dans la roche par la rivière Gokase accueille des barques touristiques permettant d’approcher la cascade et les étonnantes formations géologiques
de près. Les orgues verticaux, formés par un rapide refroidissement homogène du magma, forment des prismes hexagonaux serrés les uns contre les autres, fiers de leur tenue tandis qu’au dessus d’eux une couche de lave semble de tordre et se déformer lentement, visseuse, sans pouvoir atteindre la perfection. On peut poursuivre l’exploration en longeant les falaises abruptes qui bordent les gorges, mais un froid tenace et une faim de loup nous arrêtent assez rapidement dans le parcours. D’après les Japonais, la pierre formée par la lave et tordue par l’érosion ressemblerait aux écailles d’un dragon.
Affames, nous filons droit vers notre pension. Le propriétaire, ayant terminé sa journée de travail, nous ouvre en fin d’après-midi. A l’intérieur, le froid est glacial. Le lieu, très décevant, n’offre pas grand chose malgré un accueil chaleureux en japonais. La cuisine croule sous la vaisselle sale, la chambre spartiate, ne comporte que 4 futons, les salles de bains communes sont givrées. On se croirait entrés dans le terrier d’un couple en hibernation. Seuls les poissons tropicaux et l’étonnante axolotl jaune constituent un petit divertissement dans cet igloo.
Le soir, nous sommes judicieusement conseillés pour aller assister aux danses kagura du sanctuaire de Takachiho Jinja. Ces danses shintos rejouent l’histoire d’Amaterasu-omikami, déesse du soleil, qui se cacha dans une grotte et priva le monde de sa lumière jusqu’à ce qu’elle fut attirée par des danses et ressurgit enfin.
Il faut être honnêtes, installés dans un hamac, un verre de saké chaud à la main, on se serait facilement laissés bercer par la musique hyper répétitive du spectacle. Mais imaginez-vous assis en tailleur sur des tatamis, engourdie par la fièvre ou l’ennui, dans la froideur de la salle d’un temple. Le tambour désespérément identique vous lasse à défaut de vous prélasser. Ajoutons à cela des danseurs juvéniles pris au piège dans des kimonos blancs, un masque comme seule expression, maîtrisant chacun de leur mouvement en un ennuyeux refrain. On est plus sensibles à la Samba, aux trémoussements des rajput, aux froufrous, aux paillettes et aux sourires. Zélie, impatiente et imperturbable, suit assidument l’histoire. Une fois découverte la caverne de la déesse, les protagonistes confectionnent du saké pour leurs noces, se saoulent et forniquent. Comme dirait Desproges, « étonnant, non? »
Une réponse
Hum…. heureusement que la visite des orgues avait l’air magnifique!
La description de la pension et du spectacle donnent tellement envie! 🙂