Un patrimoine délaissé

L’hiver est arrivé, du jour au lendemain. Le village tarde à se lever. Les habitants restent tapis chez eux, hésitant à ouvrir boutique. Des petits feux de bois s’allument ça et là pour réchauffer les plus courageux. Nous petit déjeunons doudounes et capuches enfoncées sur nos têtes, gelés. 

Pour cette dernière journée nous sommes à la recherche de souvenirs. Peu de vendeurs ici, pas assez de touristes. Les miniatures nous plaisent et nous faisons main basse sur des petits formats, le reste étant difficile à transporter. 

Dans le bazar, le même capharnaüm qu’ailleurs, vaches, truies, singes et chiens se partagent la rue avec les rickshaws et les marchandises. La ville a certainement connu un passé glorieux étant donné la quantité de palais et de Haveli richement ornés dont elle recèle. Malheureusement, Bûndî est délaissée, tombant littéralement en décrépitude. 

Son puits à degrés de 46m de profondeur accueille les mêmes immondices que les eaux de la ville. Couvert pour échapper aux détériorations des fiantes de pigeons, on lui a ôté son charme. Le cénotaphe aux 82 milliers, mieux entretenu, manque d’attrait, planté au milieu de terrains vagues. 

Quant au pavillon de chasse du Maharana qui jadis accueillit Kipling, il se délite face aux nénuphars fanés du lac. 

Un patrimoine en déliquescence, ignoré des touristes, boudé par le gouvernement. Dommage. 

Nous retournons chez Jay se faire exploser la panse par le délicieux thali se sa mère. 

Le train de nuit pour Delhi arrive brinquebalant, presque ponctuel, dans la petite gare de Bûndî. Nous sommes tous dispersés sur les couchettes hautes de ce wagon très vétuste. On s’installe tous dans le même carré, les autres s’adapteront et changeront de place, à l’indienne, sans problème. 

Les téléphones sonnent, la musique inaudible grésille dans les hauts-parleurs, un grand-père fait des gazouillis enthousiastes à son petit fils, un bébé hurle, les gens montent, descendent, allument les lumières éblouissantes à toute heure, le train vrombit, grince, s’arrête, roule très doucement. La nuit est très courte, entrecoupée, morcelée, fuyante, le repos impossible. 

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